Birth

Cela fait 10 ans que Sean est mort. Et 10 ans que sa femme, Anna, le pleure. Elle a pourtant reconstruit sa vie, et vient d'accepter d'épouser Joseph, qu'elle fréquente depuis quelques années. Mais Sean refait surface. Sauf que Sean est un garçon de 10 ans, qui dit être son mari. Il connaît tout d'elle et de leur relation, et Anna, sceptique, commence à ouvrir les yeux, au grand dam de son entourage.

Sans une fin convenue et mollassonne, ce film mériterait d’apparaître dans mon top 10 annuel. Sous couvert d’une trame connue (cf. Le Retour De Martin Guerre), avec des ressorts qu’on pense usés jusqu’à la moelle (imposture, réincarnation, personnification?), Birth propose un traitement tout particulier. Ce n’est pas tant le retour du mari qui est mis en avant, c’est surtout la gestion de la vie d’Anna qui change de tournure. Si on a la possibilité de retrouver son grand amour, doit-on tout abandonner? Et s’il revient sous les traits d’un garçonnet, comment vivre son union sans l’approbation de son entourage?

C’est donc un drame qui nous est présenté. Et bien présenté: la photo est magnifique, et l’ambiance dégage une atmosphère douce et mystérieuse. Peu importe ce que vous imaginez pour le dénouement, le film prendra soin de vous le faire oublier.

Nicole Kidman est belle (retenez bien cette phrase car je ne la dis pas souvent) et joue très bien, alors que c’est son nom en tête d’affiche qui me repoussait le plus. Mais elle fait preuve d’une grande sensibilité dans son jeu, et sa fragilité est crédible. Cameron Bright, le gamin déjà présent dans le très oubliable Godsend, ne se laisse pas démonter face à des acteurs au talent déjà établi; tant mieux, puisqu’il porte la clé du film sur son dos. Un brin trop mono-expressif à mon goût, mais son personnage requiert beaucoup de sobriété pour qu’on y croie. Le reste du cast est à l’unisson; le mot d’ordre est «sobriété et justesse». Mention particulière à Anne Heche, trop peu présente sur nos écrans.

La réalisation s’aligne sur ses acteurs: de longs plans pour souligner les silences, sans jamais sembler trop longs… Jonathan Glazer sait effacer sa caméra, pour laisser s’exprimer des acteurs qui en avaient besoin. Rarement cette année on a pu assister à autant de justesse et d’adéquation au cinéma.

Une œuvre juste, presque déconcertante…Si ce n’était sa fin en eau de boudin (méga rien à voir avec Nicole Kidman, par ailleurs impeccable), Birth est un film à voir, ne serait-ce que pour son atmosphère envoûtante.