Man On Fire

Au Mexique, les rapts d'enfants se multiplient, et la paranoïa s'installe. Pour protéger leurs familles, les riches propriétaires engagent des gardes du corps et des agents de sécurité. C'est comme ça que John Creasy, ancien de la CIA, débarqué de tous ses boulots pour alcoolisme, se retrouve à protéger la petite Pita, fille d'un industrielle. Une amitié naît entre eux; c'est alors qu'elle est enlevée. Blessé par les ravisseurs, il va tenter de la retrouver.

La vengeance autorise t-elle la violence? Remake du film éponyme d’Elie Chouraqui, le traitement est ici radicalement différent. Plutôt que de s’intéresser à l’évolution des rapports humain, et du bouleversement familial face au kidnapping, Scott s’intéresse plus à la rédemption d’un homme. Effondré par l’alcool, puisant dans sa foi pour essayer de s’en sortir, l’enlèvement est pour Creasy un déclic. Mais, comme s’il fallait aller d’un extrême à l’autre, il va user de ses muscles et de ses armes pour arriver à ses fins. Violent voire sadique (la bombe, hum, mal placée), il semble ne chercher qu’une expiation, auquel il n’aurait pas droit s’il était bon. Là où le bât blesse, c’est cette accumulation qui, bien que justifié par le cadre du film et du personnage, semble découler d’une morale un peu douteuse. Œil pour œil, dent pour dent: il ne manque plus que Charles Bronson et le tableau serait complet.

Dans ce rôle moins lisse que ne le laisse penser le marketing, Denzel Washington fait une fois de plus des merveilles. Imposant, charismatique, sa déchéance alcoolisée n’en devient que plus marquante. Plus que crédible dans les scènes physique, il s’ait s’imposer dans les moments plus dramatiques; sauf… Sauf les fois où Dakota Fanning apparaît à l’écran. Cette gamine est magique. Elle avait sauvé une mini-série qui s’essoufflait (Taken, produit par Spielberg), illuminé I A Sam (avec pourtant Sean Penn et Michelle Pfeiffer en face), et s’était faite remarquée dans divers films et série (entre autre dans CSI, où elle jouait une fillette victime d’inceste); moi qui y vais à reculons à propos des enfants-acteurs, cette gamine me scotche sur place quasiment à chaque fois. Si elle n’a pas d’Oscar pour ce rôle, elle en aura un pour le prochain; ou alors, l’Academy n’est pas honnête (ce que je ne dis pas mais pense souvent). Les autres acteurs, Christopher Walken en tête arrivent à sortir la tête de l’eau, mais face aux deux talents bruts cités plus haut, ils ne pouvaient pas faire mieux. Un cast intelligent et efficace, très au-dessus de la moyenne hollywoodienne.

Sous des couverts de blockbuster classique, Tony Scott se défoule, cherche à dénicher ici le filtre, ici l’effet de montage… Pour au final imposer un film certes nauséeux sur la longueur, mais expérimental avant tout. Toute la partie sur la revanche cumule dans les excès, les pires comme les meilleurs. Evitant de tomber dans le piège de l’ex-militaire costaud qui avance malgré 15 balles dans le corps, il montre un héros réaliste, capable de s’adapter à un milieu hostile et urbain, duquel il tire ses armes. Les coups font mal, les bombes tuent. Si l’enquête réserve quelques surprises, il n’y a pas de lapin dans les chapeaux, et Scott évite les effets stéréotypés des retournements de situation habituels. En revanche, il accumule 5 plans différents à la seconde, tous filmés et traités différemment. S’il sait aussi se calmer pour éviter tout mal de crâne, l’accumulation de tests personnels sur ce film ne lui permet pas d’en restituer l’essence. Scott essaye, le spectateur subit.

Alors? Bien ou pas bien? Un film à voir, assurément, malgré quelques réserves. Bien maladroitement vendu comme un film simple, classique et efficace (le sujet + l’acteur principal), c’est finalement à une tentative de faire bouger le cinéma que l’on assiste. Certains effets sont de trop, d’autres au contraire sont intelligents (l’importance des sous-titres)… Le résultat final est certes un peu bancal, mais la présence de Denzel sur chaque plan ou presque est une bonne raison de ne pas passer à côté de ce film. Si en plus vous ne connaissez pas Dakota Fanning, il y a une raison meilleure encore: découvrir la nouvelle Jodie Foster.