La Première Fois Que J'Ai Eu 20 Ans

Hannah a 16 ans. Entre le culte de la mode svelte des années 60, son obédience judaïque, et son goût pour une musique d'homme, elle ne sent pas à sa place dans la société. Cynique, froide, elle s'enferme dans sa carapace, d'où elle ne daigne sortir que pour intégrer le jazz-band de son école. Elle n'est pas favorite pour rentrer dans le groupe, mais son talent de contrebassiste lui ouvre cette porte. Ce qui ne rend pas les choses plus faciles...
Récit d’une enfance solitaire, La Première Fois Que J’Ai Eu 20 Ans ne cherche pas à faire dans l’originalité. Que ce soit l’époque, l’humour, la tendresse; tout semble avoir déjà été traité ailleurs. L’héroïne est juive? On va dessiner des croix gammées sur ses affaires. Elle est grosse? On lui fout dans les pattes des amies/sœurs sveltes. Elle se sent mal-aimée? Le beau gosse de service va craquer pour elle… Ce n’est pas que c’est énervant, c’est juste vain. Le spectateur semble connaître l’intégralité du film dès le générique de début (de loin la partie la plus réussie du film, soit dit en passant), et on se désintéresse petit à petit de ce qui peut arriver aux personnages. Oh, on ne s’ennuie pas… Mais rien n’est fait pour attirer l’attention. Bien sûr, certaines de ces critiques sont à imputer au livre duquel le film s’inspire; mais les défauts auraient pu être gommé durant l’adaptation.
Heureusement que le film se passe dans les années 60, et que le personnage est juif, parce que c’est la seule façon de différencier ce rôle, et celui qu’interprétait Marylou Berry dans Comme Une Image, d’Agnès Jaoui. Une copie carbone. Le même genre de jeune fille solitaire, sarcastique, braquée contre le monde dont elle est persuadée qu’il ne la comprend pas. Sauf que là, ça ne prend pas; rien ne se passe, elle n’est pas touchante, pas intéressante. Espérons qu’elle s’éloigne par la suite de ce genre de rôle. Les acteurs adultes font du bon boulot (Riaboukine est très bien, pour ne pas changer), et les jeunes se débrouillent bien: pas toujours évident de faire vivre une époque qu’on a pas connue, et ils s’en tirent bien. Mais celui qui illumine ses scènes, c’est Pierre Arditi: touchant, tendre et complice, chacune de ses apparitions permet un sursaut qualitatif, en attendant la prochaine.
Réalisation simple, dans la moyenne, à l’image du film. Le but n’est pas de se faire remarquer (que ce soit en bien ou en mal), le manuel de l’école de cinéma est suivi pas-à-pas, et on ne déborde jamais du chapitre "premier film". C’est quand même dommage de s’être arrêté là. Bien sûr, pas de grosses fautes, c’est très lisse; mais le cinéma, est-ce vraiment d’appliquer encore et toujours les mêmes façons de faire ?
Plus une esquisse qu’un produit fini (l’individualisme est assez brut, et aurait mérité d’être étoffé pour na pas paraître trop douteux), le film se laisse regarder. Cycliquement, on oublie ce qui s’est passé 10 minutes avant, mais l’étude socio-rétro s’en fiche tout autant que le spectateur. S’il n’y avait pas Arditi, le film aurait coulé au bout de 30 minutes. C’est un peu léger.
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