Même Pas Mal! (Dodgeball)

Globo Gym wants you! En tout cas, White Goodman, le patron, voudrait bien mettre la main sur Average Joe, salle tout aussi mitoyenne que miteuse. Vaguement tenue par Peter LaFleur, elle sert de repaire à quelques péquins, qui se serrent les coudes pour y rester. Quand leur salle est menacée de saisie par la banque, il faut faire face. Ils ont besoin de 50000$, et c'est justement le grand prix de la coupe du monde de... Dodgeball.

En inversant les rôles du récent Starsky & Hutch (cette fois, Stiller est le méchant, et Vaughn le gentil), le scénario amène intelligemment une réflexion sur le cinéma hollywoodien, et est une parabole astucieuse sur le besoin de versatilité des acteurs. Agissant comme un binôme, l’entité plurielle Stiller/Vaughn/gentil/méchant, dans son exposition et son approfondissement comportemental, se confond avec une étude de la confrontation enfant/adulte: plus grand, plus massif, Vaughn est sans conteste la figure de la paternité, figure à laquelle se confronte le personnage de Stiller, plus foufou, moins modéré, et plus petit. Il est intéressant de constater qu’avec le personnage de Christine Taylor (dont tous les deux disputent les charmes), la mythologie d’Œdipe est modernisée, et se concentre sur cet amour maladroit entre Stiller/le fils, et Taylor/la mère, sous le regard inquisiteur de Vaughn/le père. Père défié par ce fils symbolique lors d’une rencontre sportive, image moderne de l’affrontement, comme l’étaient les jeux de l’arène autrefois.

Beaucoup de finesse dans le jeu de Stiller, qui arrive à faire passer son malaise d’amour, subtilement teinté avec une cohabitation avec la haine éprouvée à l’égard d’un rival dont il souhaite la perte… Une prestation digne d’un Brando, ou d’un James Stewart. L’apparente docilité de Vaughn laisse transparaître un désir refoulé de se sentir aimé, et la grande difficulté afin d’y parvenir. Sa relation avec Taylor (fantastique de tendresse et d’écoute, elle semble être l’amante dont le spectateur a toujours rêvé), tout comme avec ses amis qui le supportent dans sa tâche de porter à bout de bras ce petit club de gym, est d’ailleurs magnifiquement sublimée par leurs charismes respectifs.

Et que de virtuosité dans la réalisation! Dur pourtant de respecter les obligations mercantiles, tout en mettant en exergue le coté personnel de l’oeuvre. Pari réussi donc, pour le réalisateur Rawson Marshal Thurber (également auteur de ce scénario que les majors s’étaient arrachés avant même qu’il ne soir fini!), déjà courtisé pour mettre en images les plus gros projets du moment. Dithyrambique à son sujet, la presse l’annonce ici pour remplacer Spielberg, là pour remplacer James Cameron… Des aînés qui peuvent se faire du mouron: la relève est là, et bien là!

Alors, si vous aimez des films comme Autant En Emporte Le Vent, ou Le Parrain, ce film n’est pas fait pour vous! Cette critique digne de Télé/DVDrama ou de Ciné Live, n’est absolument pas à l’image du film: drôle mais con, affligeant de vide (en dehors des gags), chef-d’œuvre du n’importe quoi… Si par contre vous aimez les ZAZ et Zoolander, alors courez voir ce Dodgeball, qui se savoure le cerveau éteint, les zygomatiques en marche, et le seau à pop-corn plein (vous rirez trop pour avoir le temps de amener une quelconque friandise à votre bouche) (et puis, de toute façon, les crampes dans votre mâchoire vous empêcheront de mastiquer) (aucun jeu de mot ne sera toléré sur cette dernière phrase).