The Assassination Of Richard Nixon

1974, peu avant le Watergate... Sam Bicke est séparé de sa femme dont il est toujours amoureux, et peine à trouver du travail. Et quand il y parvient, cet homme tranquille et effacé se fait prendre de haut par son patron. Il s'enfonce petit à petit dans la médiocrité, malgré ses projets, et ses illusions... Quand il réalise ce qu'il est devenu, il décide de s'attaquer au mensonge et à l'hypocrisie personnifiés: Richard Nixon.

Il est de ces films, si peu médiatisés qu’on les pense anecdotiques. Des titres qu’on croise dans les rayons des vidéoclub sans jamais les prendre, en attendant que ça passe à la télé. Et c’est à ce moment là qu’on se dit que finalement, c’était plutôt bien… TAORN ne possède pas d’effets spéciaux décoiffant effet-mouillé-L’Oréal, ni d’enquête policière bourrée de twists si énormes que Chubby Checker les renierait. C’est une histoire simple, et à la fois si extraordinaire, d’un homme qui a perdu ce qu’il était, et qui ne sait plus à quoi se raccrocher. Il se sent abandonné, trahi, incompris… Jusqu’à ce qu’il réalise qu’il est responsable.

Ce n’est pas un film tout public. Ni un film élitiste. Toute la partie technique est très bonne, l’aspect émotionnel est bien reflété, et pourtant… Peut-être dans l’espoir de rendre le film accessible au plus grand nombre, la psychologie de Sam Bicke ne s’éternise pas, et sa vie médiocre est mise en avant à ses dépends. Bien sûr, le film touche ainsi plus de gens, mais c’est dommage que le film ne choisisse pas son camp distinctement; est-ce la vie qu’il mène qui le rend comme il est, ou l’inverse? Bien heureusement, tous ceux qui gravitent autour de Sam sont parfaitement rendus, et l’ambiance est efficace.

Encore une fois, Sean Penn est grandiose. Il serait grand temps de voter une motion lui décernant automatiquement un Oscar à chacun de ses rôles. Il est un Sam Bicke juste et fragile, subissant beaucoup sans jamais rétorquer; humilié, sans réel avenir. Il est accompagné par une Naomi Watts toujours aussi belle et talentueuse. Elle incarne l’ex-femme de Sam, élevant seule leurs enfants: à la voir, on croirait qu’elle a fait ça toute sa vie. Le reste du cast est à l’avenant, et aucune fausse note n’est à noter.

Comme dit précédemment, la partie technique n’a pas à subir de reproches: des plans réfléchis, posés, dans une ambiance calme… Bien sûr, le film ne demandait pas d’effets de style particulièrement osés, mais la sobriété est rarement mise en avant quand on parle de cinéma américain. Un bon point, un de plus pour le film.

Clairement sous-marketing-isé, c’est pourtant un film à voir, ne serait-ce que pour ses interprètes, tous impeccables. Si l’histoire souffre parfois d’avoir l’arrière-train entre deux chaises, il n’y a pourtant aucune raison de passer à côté d’un film simple, sur un homme qui n’a pas su assez tôt qui il était.